VANDALISME PRÉMÉDITÉ DE LAMUKA SUR SYLVESTRE ILUNGA

Rien à faire. En se rendant hier au Palais du peuple, les députés de l’opposition radicale n’avaient nullement l’intention de participer au moment historique de débat sur le programme du Gouvernement en vue de son investiture. Au contraire, venue pour la première fois en plénière après avoir séché les travaux de l’Assemblée nationale pour l’avoir pas obtenu plus d’un siège au bureau définitif, les sociétaires de la plate-forme Lamuka dans ses diverses composantes n’ont vu en cet événement qu’un moment de grande visibilité pour perpétrer ce qui n’est rien moins qu’un acte de vandalisme politique sur la personne du Premier ministre Sylvestre Ilunga et l’ensemble de son Gouvernement, voire même – et ce serait d’ailleurs la cible finale – la coalition FCC-CACH dont est issu ce Gouvernement.

Des actes posés au discours, tout semble manifestement avoir été orchestré pour déboucher sur un lynchage de l’équipe gouvernementale en instance d’investiture. Et le coup aura certainement été facilité par la fuite du programme déposé au bureau de l’Assemblée nationale et qui s’est retrouvé dans les réseaux sociaux au moins quatre jours avant la plénière, et bien avant sa distribution aux députés.

 

Les indices du vandalisme

Pour perpétrer le coup, « Lamuka » a d’abord provoqué un incident pour attirer l’attention avant l’estocade. D’abord cette première intervention pour se plaindre de la trentaine de minutes réservée à l’opposition pour le débat. Peine perdue, puisque la Présidente de l’Assemblée nationale fera savoir qu’une nouvelle réunion de la conférence des présidents avait, ce même mardi, rallongé ce temps de parole au profit de l’opposition.

Ensuite, cette nouvelle charge sur la multiplicité des documents distribués et dont le second – en fait le discours-programmes que devait prononcer le Premier ministre – était différent du premier document qui, lui, était le programme proprement dit. La motion est passée aux voix et finit par être rejetée. Ce que, justement, les députés de l’opposition avaient prévus pour vider la salle. Mais pas tous, puisque la charge finale se trouvait dans l’intervention bien calculée aussi de l’Honorable Chérubin Okende.

C’est ici que l’on assiste à un déchaînement d’une violence verbale chargée, sans aucun doute, d’une intention manifeste de nuire. Tribun hors pair, Okende semble avoir également été choisi pour sa verve censée faire le plus (de) mal possible. Aussi bien l’emphase de sa déclamation que les mots choisis concourent à cela.

Des mots violents du genre « raccordement frauduleux », « vacuité du programme », « incongruité du programme » et tant d’autres sont alignés tels des « punch lines » (ces mots ou phrases choc) qui claquent comme un fouet sur la chair à martyriser. En définitive, l’opposition n’avait pas besoin de plus de 10 minutes utilisées par Okende pour arriver à cette fin.

D’un bout à l’autre, les observateurs avertis auront assisté à un véritable vandalisme politique qui, comme l’indique la définition du mot, visait à détruire ce bien public qu’est le Gouvernement en instance d’investiture. Rien, dans la démarche de Lamuka, ne concoure à déceler une once de valeur cathartique ou, tout au plus d’apport enrichissant sur la qualité de la démocratie en RDC ni, plus grave, le sort des Congolais qui, d’ailleurs, est l’enjeu central de cet exercice.

 

Aucun des deux documents distribués ne contient les données attendues par l’opposition

Même dans le fond de l’intervention de Okende, les observateurs n’y ont pas trouvé grand’ chose de substantiel dénonçant les insuffisances de la copie de Sylvestre Ilunga. Bien d’autres députés avaient défilé avant et après lui pour déplorer l’absence d’un état des lieux, des chiffres, du cadre programmatique (chronogramme), des sources de financement ou d’indicateurs de vérification, etc. A leur nombre, le député Moïse Nyarugabo aura été particulièrement percutant malgré la pédagogie et la psychologie qu’il avait mises dans son propos.

Rien à faire donc, l’opposition était venue pour tout casser. Et lors du débat sur la motion au sujet de la multiplicité des documents distribués, le même Okende avait clairement laissé entendre qu’ils n’avaient pas l’intention de « ridiculiser le Premier ministre ici ». Et même si l’opposition avait obtenu les 48 heures qu’elle réclamait pour examiner le second document, elle n’y aurait rien trouvé puisqu’il ne contient pas non plus les données dont on déplore l’absence dans le premier. Au contraire, elle n’aurait conduit l’Assemblée qu’à un débordement du timing de la session extraordinaire qui arrive à terme le 7 septembre.

Ne laissant ainsi que 24 heures pour un débat, une réaction du PM avant l’investiture du Gouvernement, ce stratagème allait incontestablement conduire à un travail bâclé, ce qui aurait apporté de l’eau supplémentaire au moulin de la même opposition qui, en définitive, refuse de s’assumer.

Par contre, cette production de Lamuka aura eu le mérite, à l’inverse du Premier ministre selon les critiques exprimées à l’hémicycle, de clarté en ce qu’elle a fourni des repères pour savoir comme ces radicaux de l’opposition entendent s’assumer. A la fin de son propos, en effet, l’honorable Okende avait annoncé que son groupe ne participera pas à l’investiture « cavalière » de ce Gouvernement. Dans ces conditions, et en toute logique, l’opposition devra tirer toutes les conséquences en ne participant, par exemple, pas au prochain débat sur le budget que présentera ce même Gouvernement ni, pour le reste de la législature, à toute activité parlementaire liée à celui-ci.

Ce qui ne sera que logique, mais il reste de savoir si les auteurs d’un tel déni de démocratie en auront suffisamment de courage. Prenons date.

Jonas Eugène Kota

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